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La bicyclette pliante Gérard
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9 juillet 2016

La lettre de M. Morel

Il y a 120 ans, au début du mois de juillet 1896, débute l'affaire des bicyclettes pliantes.

Alors que la pliante Gérard a été déclarée " bonne pour le service de guerre ", après les essais pratiqués quelques mois plus tôt par l'École de Joinville, on apprend qu'Henri Gérard ne dirigera pas d'unité cycliste lors de grandes manoeuvres ! Cette direction sera confiée à d'autres officiers parce que le Général Billot, ministre de la guerre, a décidé que les manoeuvres se dérouleront en Charente avec les 12e et 17e Coprs d'armée, auxquels n'appartient pas le Capitaine Gérard.

Charles Morel, le constructeur, prend sa plume et fait publier sa lettre dans le Vélo. Ce texte est repris dans au moins deux quotidiens : le Matin et le Journal :

Monsieur le Ministre,

Lorsque j'ai consenti à faire des concessions très importantes - au total 20000 fr - au ministère de la guerre pour la livraison de 120 bicyclettes pliantes (système du capitaine Gérard), j'étais convaincu que je rendais service à mon pays en facilitant, comme je le fais du reste depuis deux ans, les remarquables travaux de l'inventeur sur la vélocipèdie militaire.

Quel n'a pas été mon étonnement en apprenant que la suite de ces travaux, qui ont coûté personnellement au capitaine Gérard tant de temps et d'argent, allait être confiée à d'autres !

Ce n'est donc plus, dans ces conditions, le capitaine que je vais aider, ce sont des officiers quelconques qui prennent la place de leur camarade ; ce n'est plus mon pays que je vais servir, c'est une arme spéciale, l'artillerie, qui, à votre insu, j'en ai d'abondantes preuves, fait tout ses efforts pour enterrer cette invention qui lui porte ombrage comme du reste, toutes celles qui ne sortent pas de ses arsenaux.

Mais pour cette fois, elle ne réussira pas.
Pour mon compte personnel, je ne prêterai jamais la main à de semblables procédés.

Le marché passé avec l'École de Joinville ne sera exécuté que si les conventions morales qui ont servi de base aux concessions que j'ai faites sont observées.

Je n'ai pas fait une affaire en signant le marché ; j'ai voulu simplement aider le capitaine Gérard dans la grande tâche qu'il s'est imposée.

Il eut été franc de me dire, au moment de la passation du marché, quelles étaient les intentions ministérielles. Il est vrai qu'on n'aurait pas obtenu, en agissant ainsi, les concessions qui m'étaient demandées.

Ma signature, monsieur le ministre, a ainsi été surprise ; par suite, je me réserve le droit de faire valoir ce cas de force majeure en vue de la restitution des 3.000 francs de cautionnement qui m'ont été demandés.

Les travaux du capitaine Gérard se trouvent donc arrêtés ; je n'y peux rien. Les puissances étrangères pendant ce temps, regagneront l'avance que les efforts d'un simple officier avaient donnés à la France. Le pays jugera qui doit en encourir la responsabilité.

Je dois, du reste, à l'opinion publique, justement attirée vers cette solution d'un gros problème militaire, des explications sur mon refus de livrer au ministère de la guerre les bicyclettes pliantes du capitaine Gérard.

Vous ne vous étonnerez donc pas, monsieur le ministre, si je livre cette affaire à la publicité.

Daignez agréer, etc

Charles Morel


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La bicyclette pliante Gérard
  • Histoire de la bicyclette pliante Gérard et des hommes à l'origine de celle-ci. Encore aujourd'hui connue sous le nom de " pliante Gérard ", " bicyclette pliante Gérard ", voire même " Capitaine Gérard " auprès de certains.
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